Cohn-Bendit et Besson font la paire
Interview de Nicolas Dupont-Aignan, Marianne, samedi 12 décembre 2009 - propos recueillis par Renaud Dély
Marianne : Vous avez accusé Daniel Cohn-Bendit de manifester « sa détestation de la France » en critiquant le débat sur l’« identité nationale ». Vous avez quarante ans de retard ! C’est en 1968 que « Dany » se faisait traiter de « juif allemand » ?
Nicolas Dupont-Aignan : Mon propos n’était qu’une réponse aux propos stupéfiants de Cohn-Bendit, qui avait fustigé le républicanisme de bazar et affirmé que l’idéologie républicaine était un nouveau fascisme ! « Tout débat qui cherche à sanctifier une identité veut exclure », avait-il dit. [Ajoutant, à propos du référendum en Suisse : « II y a une tentation fascisante, une tentation de l’extrême, de repousser, de mettre dehors : c’est ça qui a été la définition première du national-socialisme. » Bien sûr, le nationalisme, c’est la haine des autres, mais la nation, elle, est indispensable. Et indépassable. Les propos de Cohn-Bendit ont repris le thème classique de la détestation de la France.
Marianne : Bref, Cohn-Bendit, c’est l’anti-France ?
N.D.-A. : Je ne dis pas cela. En fait, Besson et Cohn-Bendit sont les deux faces d’une même médaille. Ces deux là font la paire. D’un côté, il y a un pouvoir qui instrumentalise cyniquement un débat pour masquer ses échecs, de l’autre, il y a ceux qui n’ont que l’indignation à la bouche et pour lesquels dès qu’on ose parler de nation, on est fasciste ! Moi, je pense que l’identité nationale est un débat essentiel mais qui doit être dynamique. Quel projet peut-on offrir aux jeunes Français pour 2050 ? C’est ça, la question. L’identité nationale, c’est la souveraineté, la citoyenneté, des valeurs et un projet politique.
Marianne : Selon vous, refuser de débattre de l’« identité nationale », c’est être un mauvais Français ?
N.D.-A. : Ce n’est pas le problème. Mais ceux qui réagissent comme Cohn-Bendit font exactement ce qu’attend Sarkozy. Ils sont tombés dans son piège. Le président a une responsabilité écrasante ! Il s’empare de ce qui devrait être le plus beau débat du monde et il en fait la pire des choses.